lundi 5 mars 2012

La retombée

Tu la connais la salope. Elle est toujours là sur ton dos, et elle appuie pour te bousiller l'échine. Elle revient toujours à cet instant précis où tu t'es bien enivrée, de manière assez poussée pour te faire croire à la simplicité. Tu la prévois quand tu te sens bien, quand tu te sens belle, quand on te désire, quand tu te mets à rire, et à danser sans même y penser. Regarde hier t'étais dans sa bouche, tu pouvais faire la pute pour un regard tant c'était léger ; tu t'en foutais, tu parlais qu'à peine. C'était pas le but, de l'intéresser lui. Regarde mieux encore, hier t'étais dans ses bras, à lui, un autre, celui qui pouvait compter ; t'as voulu y goûter un peu et maintenant c'est toi qui t'en prends plein la face. Apparemment t'aurais pas dû mais t'en avais bien envie. Faut être deux tu me diras, n'empêche que t'es toute seule à morfler. T'as rien fait mais c'est de ta faute. T'as peut-être mal cadré ta main, ou ton menton était trop long ; lui seul te le diras, s'il daigne se pointer en bas de chez toi. Dans la bagnole de son reup, une dernière fois.
Le fait est que la retombée tu la sens bien, elle te baise comme une chienne même si t'en veux pas, elle vient tout pourrir pour tirer un bon coup, se faire plais' sur ta belle gueule qu'elle gifle un peu au passage. S'ensuit la bouffe qui devient moins fun et ton humeur qui se la joue oisive ; tu veux plus rien foutre tant la haine des jours te mâche les petits plaisirs. Tu restes tranquille car tu sais que ça passera, dans deux semaines, d'ici là... Tu fumes un peu, dans des chambres et dans la rue, et tu te lèves quand même, il faut bien bouger pour que toute cette merde mue. En attendant tu te sens vulgaire, quand tu chuchotes t'es grossière ; t'écris sans trop penser à tes mots, t'as juste envie de cracher un peu, beaucoup, pour avoir la dent plus saine et l'haleine rafraîchie. Car t'as encore un peu de douceur séchée qui se veut amère sur les papilles, qui forme une boule dans la gorge et qui t'empêche d'avaler. Et ça te donne la gerbe, quand vainement tu songes à tout racler.
Photo : Robert Harper

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