vendredi 3 août 2012

Sue, sue le corps

J'ai de l'amertume à revendre. De celle qui fait venir la graisse quand tu sèches tes larmes au sucre, qui te lynche à coup de regrets déversés tête en bas, où le fond est humide et sale, et conserve cette odeur fécale commune à toutes les fosses. Je crache le dégoût de ce corps qui suinte un spleen trop connu, qui me touche de trop près encore une fois – l'abus prend l'habitude et revêt ses atours de grand maître. Il prend mes mains et il tâte mon ventre et il tâte mes seins ; je voudrais faire s'inverser la tendance mais encore une fois c'est mon corps qui danse ; mon cœur en sourdine qui se terre quand tout le reste se fait prendre. Sue, sue, le corps qui bientôt s'endort ; tu prendras le temps de compter les rêves qui t'alourdissent durant ton somme et qui te libèrent dès l'aurore.


Tableau : Les Voluptueux, Victor Prouvé

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