mercredi 14 novembre 2012

L'ébauche mortuaire


Parfois j'ai tant le cœur qui saigne, et tant la peau qui tremble, que mes yeux déversent ce qu'il reste de l'âme. Et cette fois c'est la bonne. J'ai envie de pleurer, de crier une dernière fois, mais maintenant le monde s'en va ; fuyant la mascarade, toute arrachée à la haine de l'univers, je vogue vers l'ailleurs qui me tend les bras. Je ne peux plus rien toucher, je sens juste les larmes sur mes lèvres, ces regrets qui pèsent sur l'épiderme ; baiser inattendu de mon intérieur qui vacille. C'est donc le repos qui s'offre ensuite ? Une éternelle musique qui vous berce de l'autre côté, qui vous accompagne pour rendre les choses plus simples. C'est l'heure, il faut dire au revoir. Un dernier regard, un battement de cil en guise d'adieu, la famille qui ressent mais qui ne peut pas voir. C'est quand l'attente se fait longue que l'on regrette le plus. On s'entend rire enfant, courir les espaces et fouler les pelouses, avec le grand-père que l'on va rejoindre ; doux réconfort. Des lumières de Noël, des embrassades, les premières amours, tout revient amplifié, comme ce mal de tête qui a du mal à vous quitter. L'on ne reconnaît plus sa peau, elle arrête de vieillir. Et c'est dans les bas fonds qu'elle pourrira.
On effleure les murs, une dernière fois.
Le soupir se fait entendre, puis un léger sourire à la vue d'une photo. L'on se dit que l'on était belle, finalement. Et si jeune. Promise aux rares merveilles de la Terre, qui se faisaient attendre.  



3 commentaires:

  1. J'adore.

    "...que mes yeux déversent ce qu'il reste de l'âme" - Magnifique, génial.

    De l'excellence, comme on l'aime. ;)

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